La création de la chapelle de l’Externat Saint-Joseph

La création de la chapelle de l’Externat Saint-Joseph

Une construction entre 1865 et 1867

La chapelle de l’Externat Saint-Joseph a été édifiée entre le printemps 1865 et mai 1867, peu après que les jésuites aient reçu l'autorisation d'ouvrir cet établissement en 1864.

Cette autorisation fut accordée par le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon depuis 1839. Nommé par Louis-Philippe, alors roi des Français, il était choisi autant pour ses compétences religieuses que pour ses aspirations politiques. L’un de ses premiers gestes fut d’installer un orgue dans la cathédrale Saint-Jean, qui était alors la seule cathédrale de France à ne pas en posséder.

Ce choix était d’autant plus symbolique que les églises de Lyon suivaient le rite lyonnais (Ritus Lugdunensis), attesté dès le XIᵉ siècle. Ce rite, bien que basé sur le rite romain, était marqué par un conservatisme extrême et influencé par la liturgie franque et gallicane.

Le rite lyonnais et l'introduction de l'orgue

Le rite lyonnais différait du rite romain sur plusieurs points, notamment dans les messes pontificales et les messes basses, où les variations étaient les plus marquées. Quelques particularités :

  • L’encensement se faisait avec une chaîne longue.

  • La messe pontificale était d'une grande solennité, nécessitant 36 servants, contre 15 seulement dans le rite romain.

  • L'usage de l’orgue était traditionnellement proscrit, contrairement au rite romain où il tenait une place essentielle. À Lyon, l'accompagnement musical était assuré exclusivement par le plain-chant.

En introduisant un orgue à Saint-Jean, Mgr de Bonald cherchait à rapprocher la liturgie lyonnaise du rite romain. Son initiative connut un tel succès qu'elle entraîna l'installation de nombreux autres orgues dans la région.

Le cardinal de Bonald décéda en 1870, soit un an avant l’ouverture officielle de l’Externat Saint-Joseph en 1871.

L’architecture de la chapelle et ses concepteurs

La conception de la chapelle fut confiée au père jésuite François-Xavier Pailloux, reconnu comme un bâtisseur au sein de la Compagnie de Jésus. Il établit les bases des plans en collaboration avec Frédéric Giniez, architecte ayant travaillé aux côtés de Pierre Bossan.

Pierre Bossan et son influence stylistique

Pierre Bossan (1814-1888), connu comme l’architecte de la basilique de Fourvière, avait déjà une carrière bien remplie avant d’entreprendre ce projet.

  • Il débuta comme tailleur de pierre, formé par son père.

  • En 1839, à seulement 25 ans, il fut nommé architecte de la cathédrale de Lyon, où il travailla à la restauration du bâtiment. Il quitta cependant ce poste après cinq ans.

  • En 1845, il construisit l’église Saint-Georges, dans un pur style néo-gothique. Plus tard, il considéra cette réalisation comme une "erreur de jeunesse", ayant évolué vers une approche plus personnelle.

Cette même année, il entreprit un voyage en Italie, en partie pour échapper à des créanciers à la suite de mauvaises affaires. En Sicile, il découvrit les trésors de l’art byzantin, qui allaient profondément marquer son œuvre.

Son ambition était de fusionner les influences antiques et chrétiennes pour créer un style nouveau, qu'il qualifiait de "gréco-romano-gothique". Il s’inspira de l’Orient et de l’Italie pour dépasser la simple imitation et développer une identité architecturale propre.

Entouré d’architectes, de sculpteurs, de coloristes et de mosaïstes partageant sa vision, Bossan donna naissance à une école artistique influente, dont la chapelle de l’Externat Saint-Joseph porte l’empreinte.

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